📰 Article du lundi
Becoming a parent made me a better person de Erik Hoel (article payant, mais l’extrait cité est dans la partie gratuite).
“Devenir un parent a fait de moi une meilleure personne” : je n’aurais pas dit mieux.
Un long (et excellent extrait) :
“Rétrospectivement, j’ai réalisé que je me dirigeais vers l’ennui avant d’avoir des enfants. Les bars commençaient à se ressembler. Les clubs devenaient trop bondés, intrusifs, agaçants. Manger au restaurant devenait une expérience floue. Tant de plats identiques, les mêmes délices alléchants ; même un délice finit par perdre son attrait avec le temps. Je suis sûr que tout le monde ne le vit pas comme ça. Mais avec le recul, de manière que je ne pouvais pas reconnaître à l’époque, c’était ce qui m’arrivait.
Je comprends la réaction des gens qui disent que je ne faisais pas assez d’efforts. Tu aurais pu aller à Paris ! J’imagine quelqu’un dire. Tu aurais pu prendre des drogues à Burning Man ! Bon sang, n’importe quel jour de la semaine, tu aurais goûter un nouveau whisky hors de prix. De nouvelles musiques allaient sortir, de nouveaux livres, de nouveaux films, et de nouveaux jeux. L’actualité elle-même continuera toujours de tourner. Il y aura un autre magnifique coucher de soleil, quand la lumière dorée rouge traversera les arbres depuis l’ouest.
Pourtant, à cela je répondrais : Ah, mais j’avais vu de magnifiques couchers de soleil. J’avais goûté de nombreux whisky. J’avais pris des drogues à Burning Man. Je m’étais assis à un restaurant à Paris et j’ai regardé la Seine scintiller tout en lisant Hemingway et en fumant une cigarette. Je pourrais y retourner, mais la ville serait plus grise que la première fois, car je ne serais plus un jeune homme dans la vingtaine. Paris serait la même, mais j’aurais changé. Avec le temps, le monde a cessé de me surprendre. J’en ai vu les rouages et j’ai été de plus en plus indifférent. J’ai vu mes propres rouages et j’ai été tout aussi indifférent. J’ai regardé les experts à la télévision se répéter. Toute la race humaine a commencé à ressembler à une bande de primates querelleurs. Un côté gagne. Puis l’autre côté gagne. J’éteignais la télévision et il était 21 heures un mercredi. Je pourrais aller lire un autre roman, mais j’en avais déjà lu mille. Qu’allait m’apporter le 1001e roman que je n’avais pas obtenu de tous les autres ?
Je pensais que devenir blasé faisait naturellement partie du fait de grandir. Au lieu de cela, c’est en cessant d’être blasé que j’ai vraiment grandi, et cela a radicalement amélioré ma qualité de vie.”
Avoir des enfants est un des sujets récurrents sur Le Trilliard, parce que c’est une grosse partie de nos vies… mais aussi parce que ça nous différencie.
Beaucoup “d’influenceurs entrepreneurs” affichent un style de vie hédoniste basé sur les bagnoles, les soirées et les filles en bikini.
C’est logique : il y a une grosse audience d’ados / jeunes hommes qui achètent leurs formations et qui ne rêvent pas exactement de changer des couches.
Mais la réalité, c’est que ce genre de plaisir perd de son attrait après quelques années. En tout cas pour certaines personnes.
Je repense régulièrement à cette citation du blogueur Taylor Pearson :
“Quand je rencontre des gens, je les catégorise en utilisant un diagramme des trois écoles de la psychothérapie viennoise : la première école est celle de Freud – la quête de plaisir, la deuxième école est celle de Nietzsche – la quête de pouvoir, et la troisième école est celle de Frankl – la quête de sens. Je dirais que je suis environ 10 % plaisir, 40 % pouvoir, et 50 % sens. L’appel de Frankl à poursuivre le sens et la quête du pouvoir de Nietzsche sont plus intéressants et attirants pour moi que l’hédonisme freudien.”
(En cherchant la source, je me suis rendu compte que cette citation, qui m’a profondément marqué, vient d’une note de bas de page).
Dans ce modèle, avoir des enfants c’est sacrifier du plaisir (sorties, voyages, rencontres…) pour du sens.
|