Cet email ne va pas être le plus facile à écrire, mais j’espère qu’il en aidera certains d’entre vous.
Je me souviens encore de pleurer quand le diagnostic du médecin est tombé :
Lésion d’endométriose, dont une grosse sur mon ovaire droit.
Un diagnostic difficile à digérer à cause de toutes les incertitudes qui en découlent :
Est-ce que je pourrais un jour avoir des enfants ?
Est-ce que ça va s’étendre ?
Est-ce que je vais un jour me réveiller et sentir la douleur qui ne me lâche plus ?
Si oui, qu’est-ce que je peux faire ?
Est-ce que je devrais choisir de m’empoisonner chaque jour en reprenant la pilule dont j’ai eu tant de mal à me sevrer, pour freiner la maladie ?
Ou bien vivre avec ce pressentiment que quelque chose d’invisible s’étend dans mon utérus et mes autres organes comme une toile d’araignée géante ?
Chacun est libre de ses choix, mais je crois que je préférerais encore prendre du mercure à petite dose plutôt que de reprendre un jour la pilule qui m’a pourri 7 ans de ma vie. (Encore une fois, chacun fait ce qu’il veut, je ne suis d’aucune autorité pour vous dire ce que vous devez faire.)
Les mois qui ont suivi ont été très durs pour moi.
J’en voulais à mon médecin qui m’avait prescrit la pilule à 15 ans pendant si longtemps (même s’il n’y a aucun lien de cause à effet démontré), j’en voulais à mes parents, à la vie, à la terre entière.
La seule chose que je pouvais me répéter c’était :
Pourquoi moi ?
Alors, ça allait être ça ma vie maintenant ?
Devoir faire attention à tout ce que je mange, tout ce que je fais, car l’endométriose étant une maladie inflammatoire, continuer de manger et de me comporter comme je le faisais, c’était mettre des pièces dans la machine pour l’alimenter.
C’est comme si chaque fois que je décidais de manger un hamburger je choisissais d’appuyer consciemment sur le bouton “m’envoyer une décharge électrique qui fait mal”.
À 26 ans, elle s’annonçait sympa la vie.
Aujourd’hui j’ai 28 ans, donc pas une énorme différence, mais j’ai choisi de prendre le problème d’une autre façon :
En décidant de faire quelque chose de ça au lieu de le subir.
Tout n’est pas dans mon cercle d’influence, je n’ai pas choisi d’avoir de l’endométriose, tout comme vous n’avez peut-être pas choisi d’avoir de l’arthrose, du diabète, des migraines, ou autre maladie qui nous bousille la vie.
Mais je peux au moins choisir ce que je vais en faire.
De mon point de vue, je peux continuer de vivre en m’imaginant dans une prison dont on me prive de tout, ou bien je peux voir ça comme une raison d’avoir une vie saine, de prendre soin de mon corps.
Là où tout le monde se gave de malbouffe, de médicaments et met tout et n’importe quoi dans son corps, je n’ai pas d’autres choix que de bien m’en occuper.
Je n’ai pas d’autres choix que de faire tout mon possible pour rester en bonne santé.
Ce n’est pas seulement accepter la situation telle qu’elle est, c’est s’en servir de levier pour faire quelque chose de bon pour soi.
Non seulement, je “maintiens la maladie” mais je me sens aussi en meilleure santé, moins fatiguée, plus à l’écoute de mon corps, et par ricochet avec une meilleure santé mentale.
En lisant l’histoire de certaines personnes atteintes de handicap, je me rends compte qu’il y a toujours deux chemins possibles :
Celui de la soumission, qui consiste à subir.
Et personne ne pourra jamais vous juger pour ça, car personne ne vit ce que vous vivez.
Personne ne ressent la douleur que vous ressentez au quotidien.
Et celui de l’acceptation.
Non mieux :
Celui de la résilience.
Accepter qu’on ne choisit pas tout ce qui nous arrive, mais qu’on peut le transformer en quelque chose de bien, de fort, qui aidera peut-être aussi d’autres personnes qui se sentent comme nous, et inspirera d’autres gens à passer leur traversée du désert.
Et souvent quand on commence à regarder la situation sous cet angle, on remarque que notre cercle d’influence, là où on peut agir, est en réalité bien plus grand que ce qu’on s’imagine.
Comme disait Einstein :
« Il n’y a que deux façons de vivre sa vie :
L’une en faisant comme si rien n’était un miracle,
l’autre en faisant comme si tout était un miracle. »
J’ai choisi de vivre ma vie en suivant la deuxième option, et j’espère que ce message pourra en faire réfléchir certains d’entre vous à faire pareil.
Cœur sur vous.
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