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Cher(e) ami(e) éveillé(e),
Il y a de cela quelques semaines…
Je m’Ă©tais installĂ© dans mon cafĂ© habituel du centre-ville, un de ces endroits branchĂ©s oĂą la machine Ă cafĂ© crache de la vapeur et des sons de notifications vous rappellent que le monde est Ă vos pieds.
Les gens, portables Ă la main, naviguaient entre leurs tâches avec cette assurance qu’apporte la modernitĂ©. Moi ? J’Ă©tais parmi eux.
Je venais de commander un thĂ©. Pas un thĂ© en sachet, non, un de ces thĂ©s « modernes », « rapides » et « efficaces ». Pourquoi attendre, n’est-ce pas ?
Alors que je regardais l’eau bouillante rencontrer les feuilles dans ma tasse, je me suis rappelĂ© de ces moments oĂą le monde semblait s’ouvrir Ă une nouvelle ère : celle de la commoditĂ©.
Tout est rapide, tout est à portée de main. Vous avez un souci ? Il y a une application pour ça. Vous voulez un repas ? Il arrive devant votre porte en moins de trente minutes.
Vous voulez connaĂ®tre la rĂ©ponse Ă une question ? Google vous l’apporte en quelques secondes.
Et pourtant, ce jour-là , un léger malaise me traversa.
Derrière ce rideau de commoditĂ©, qu’avions-nous perdu ?
La machine à café continuait de siffler, les discussions fusaient autour de moi, chacun dans sa course, moi y compris. La promesse était belle : gagner du temps. Mais à quel prix ?
Avez-vous dĂ©jĂ ressenti ce vertige ? Ce sentiment que, malgrĂ© la vitesse de tout, quelque chose manque ? Cette envie d’appuyer sur le bouton « pause » et de respirer, de prendre son temps, ne serait-ce qu’un instant ?
C’est dans cette ambiance survoltĂ©e que j’ai pris ma dĂ©cision.
Quitter cette valse du toujours plus rapide pour partir en quĂŞte d’un autre rythme, d’une autre vision du temps. Une vision oĂą chaque seconde compte vraiment.
Une vision où la patience devient une vertu et non un inconvénient.
Et je savais prĂ©cisĂ©ment oĂą trouver cette perspective : les montagnes de l’Himalaya.
Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, je vous invite, cher lecteur, Ă prendre un moment.
Fermez les yeux, écoutez les sons autour de vous, ressentez le rythme de votre respiration.
Quand avez-vous pris le temps, la dernière fois, de simplement… ĂŞtre ?
La distorsion temporelle de l’Himalaya
Une semaine plus tard, me voilĂ , sac au dos, foulant les terres sacrĂ©es de l’Himalaya.
Les montagnes, majestueuses, semblent veiller sur chaque vallée, chaque ruisseau, chaque âme qui vient chercher réconfort ou réponses dans leur sérénité éternelle.
J’Ă©tais bien loin de mon cafĂ© animĂ©, de ma tasse de thĂ© instantanĂ© et des notifications incessantes.
En déambulant entre les sentiers sinueux, je fus invité par un villageois à entrer dans sa demeure.
L’intĂ©rieur, modeste et chaleureux, sentait le bois et la terre. Et au centre, trĂ´nait une grande thĂ©ière en cuivre, posĂ©e sur un feu doux.
Vous savez, le thĂ© ici n’est pas une simple boisson.
C’est une cĂ©rĂ©monie, un moment de communion avec soi-mĂŞme, avec la nature, avec le temps.
Alors que je m’asseyais, j’ai compris que ce qui allait suivre ne serait pas une expĂ©rience ordinaire.
J’Ă©tais sur le point d’ĂŞtre initiĂ© Ă la mĂ©thode de « l’infusion temporelle ».
Le villageois, avec une attention mĂ©ticuleuse, a commencĂ© Ă prĂ©parer le thĂ©. Il a choisi les feuilles avec soin, les a lavĂ©es doucement, les a fait chauffer Ă une tempĂ©rature prĂ©cise. Tout cela semblait si… lent. Et pourtant, il y avait une beautĂ© dans cette lenteur, un rythme apaisant que j’avais oubliĂ©.
Le temps s’est Ă©tirĂ©. Les heures se sont Ă©coulĂ©es comme des minutes. Chaque geste, chaque seconde prenait une importance singulière.
Ce n’Ă©tait pas une perte de temps, c’Ă©tait un gain de prĂ©sence. J’Ă©tais lĂ , vĂ©ritablement lĂ , Ă ressentir chaque odeur, Ă observer chaque mouvement, Ă Ă©couter le doux crĂ©pitement du feu.
Et vous savez quoi, cher lecteur ? J’ai rĂ©alisĂ© quelque chose d’essentiel.
En ville, dans ce monde de vitesse, j’Ă©tais devenu prisonnier d’une illusion. L’illusion que le temps nous Ă©chappe, qu’il faut toujours courir après.
Mais ici, au coeur des montagnes sacrées, le temps était mon allié, mon complice.
Le thĂ© finalement prĂŞt, le villageois m’a servi une tasse. Avant mĂŞme d’y goĂ»ter, j’ai su que cette boisson, fruit de tant de soin et de patience, serait une rĂ©vĂ©lation.
« Siroter » l’intemporalitĂ© ?
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