Firefly est le produit le plus couronné de succès depuis la création de Adobe.
Firefly est une IA générative directement intégrée dans Photoshop
Forcément, la suite des événements est simple : l’IA sera désormais intégrée dans tous les logiciels Adobe.
Malgré la base d’utilisateurs conséquente qui s’y oppose, il n’est aujourd’hui “plus question de faire machine arrière sur l’IA”.
Les créatifs lésés ne trouveront pas non plus de réconfort chez les concurrents.
Canva et Figma misent également tout sur l’IA.
La transformation de l’industrie créative a commencé, et les créatifs ont lâché les commandes au profit d’exécutifs anonymes en costume-cravate.
D’un côté, refuser l’IA revient à signer son arrêt de mort professionnel.
De l’autre, l’adopter signifie cautionner la marche forcée de l’industrialisation.
Beaucoup de nos lecteurs sont des créatifs.
Nous en sommes également.
Quel sens donner à ce bras de fer entre la course à la rentabilité et la recherche de l’authenticité ?
Pourquoi les créatifs détestent l’IA
Même si la réponse est dans la question, notre affection pour la suranalyse nous pousse à creuser plus profondément.
Quand un fan de Princesse Mononoke veut rendre hommage au film en recréant sa bande-annonce avec l’IA, il ne s’attendait pas à recevoir un torrent de critiques aussi virulentes.
Il a dépensé plus de 700$ pour réaliser sa vidéo (soit un demi-smic pour une vidéo de 1min30), et y a clairement mis de son temps.
Ça a dû être difficile pour lui de voir que sa version est considérée comme “irrespectueuse” et “hideuse”. Donc il a retiré sa vidéo.
Cette anecdote illustre parfaitement le fossé qui se creuse dans l’industrie créative, les “non-artistes” ont adoré la vidéo, les artistes l’ont détestée.
Ce serait facile de conclure que les artistes ne sont pas assez éveillés et confondent prouesse technique avec sacrilège.
Mais pour nous, la fronde des artistes contre Adobe n’est pas une simple résistance au changement.
Ce n’est pas juste une question d’outils qui changent.
Elle révèle des inquiétudes profondes et légitimes.
La dévaluation du savoir-faire
Si vous avez dédié des années à devenir expert de votre sujet, vous serez chanceux de posséder les droits des prompts qui en découlent.
Le risque d’uniformisation
Par nature de l’outil “si tout le monde utilise l’IA, tout le contenu finira par se ressembler » le souligne même Adobe. La standardisation, donc l’ennemi juré de la création.
La perte de visibilité
Sur Etsy, plus grande plateforme dédiée à l’artisanat, les créations IA et le contenu généré automatiquement inondent les pages. Les « vrais » artistes se retrouvent relégués en fin de liste, noyés sous le volume.
Ces craintes sont d’autant plus fondées que le marché semble avoir déjà choisi son camp. Firefly, l’IA d’Adobe, est leur plus grand succès commercial.
Et ce n’est que le début…
Mais alors qui sont les clients d’Adobe ?
Malgré la bronca, Adobe et les autres géants tech foncent tête baissée vers l’IA.
Et ils ont absolument raison de le faire.
X40 sur la demande de contenu
On pensait qu’après la pandémie, la demande allait se calmer. Les gens retrouvent la vraie vie, ils n’ont plus le temps de passer des heures devant l’écran tous les jours.
Mais non.
Non seulement les consommateurs sont toujours là, mais les entreprises ont maintenant compris que le contenu est devenu vital.
De 2021 à 2023, la demande de contenu a déjà doublé.
Et ce n’est que le début : Adobe prédit une augmentation de 2000% (oui, avec trois zéros) d’ici 2025 (soit dans deux mois).
L’appétit des entreprises pour le contenu est devenu insatiable, de la pub aux réseaux sociaux, en passant par les sites web et les newsletters, il faut produire toujours plus, toujours plus vite, toujours moins cher.
Résultat, la demande pour l’IA explose.
Dans ce contexte, l’IA n’est pas un choix – c’est une nécessité économique.
Pour les entreprises : automatiser les tâches répétitives (redimensionnement, masquage, retouches basiques) libère du temps et du budget pour les projets à forte valeur ajoutée.
Pour les équipes créatives : face à l’explosion des besoins (+2000% !), impossible de suivre le rythme sans assistance automatisée.
Pour les actionnaires : quand vos compétiteurs misent tout sur l’IA, vous n’avez pas vraiment le luxe de faire de la résistance.
Si les gens demandent de l’IA, alors Adobe le leur offre.
C’est la loi du marché.
Soit ils innovent, soit d’autres le feront à leur place – peut-être avec moins de scrupules.
D’ailleurs, ils sont déjà en retard sur certains aspects : leur nouveau « Project Concept » n’est qu’une réponse aux innovations de Figma et Kaiber.
Notre avis
Condensé en une phrase, ce serait…
Ne soyons pas réac’, peu importe notre âge… Mais tout de même, faut faire attention.
Bon.
Adobe tente de calmer les esprits.
« L’IA ne remplacera pas la créativité humaine », nous dit-on. « Elle libérera du temps pour être plus créatif ».
C’est la même rengaine qu’on entend en boucle depuis Novembre 2022.
Notre opinion, c’est qu’il ne faut pas mélanger art et industrie.
La musique de ces 40 dernières années a été créée sur ordinateur, pourtant les instruments sont toujours là, les cours de flûte existent toujours, et les places d’opéra se vendent encore mieux qu’à l’époque des Louis.
Quand “Spiderman 7 : la contre attaque de tante May” sortira après un temps record de 6 mois de production, pourra-t-on vraiment dire que c’est de l’art ? C’est discutable.
Est-ce que ça fera un carton au box office ? Sans doute.
Même Wadhwani, le président d’Adobe, admet que “l’art” généré par IA ne vaudra jamais une vraie peinture.
Ne nous y trompons pas : ce n’est pas d’art dont il est question ici.
C’est d’industrie.
Certains métiers spécialisés vont disparaître. D’autres vont émerger.
C’est encore la loi du marché.
Quand il s’agit de continuer à payer son loyer et ses factures, il vaut mieux être du côté économiste de la force.
Voici donc nos conseils concrets.
Pour les créatifs : survivre et prospérer
Insistez sur la valeur ajoutée humaine : direction artistique, concept, storytelling.
Exploitez l’IA comme un amplificateur plutôt qu’un concurrent. Un excellent prompt vaut son pesant d’or.
Capitalisez sur le « fait main » comme argument premium : certains clients continueront de valoriser l’authenticité.
Pour les entreprises : optimiser sans déshumaniser
Adoptez une approche progressive de l’IA : commencez par automatiser les tâches répétitives. Privilégiez une approche hybride : IA pour le volume, humain pour la strat’.
Investissez dans la formation de vos équipes créatives, car entre des mains non-initiées, l’IA va très vite créer un sentiment de déjà-vu.
Gardez un mix humain/IA : la différenciation viendra de votre authenticité. L’IA n’a pas d’âme, et il n’y a rien de pire qu’une entreprise sans âme.
2 – Les actus d’IA les plus importantes cette semaine
Anthropic fait une mise à jour intéressante avec le lancement d’un Claude 3.5 Haiku et une version améliorée de Claude 3.5 Sonnet, qui cartonne particulièrement en programmation avec des scores impressionnants. Mais… Ce n’est rien à côté de l’arrivée d’une fonctionnalité en bêta qui permet à Claude d’utiliser un ordinateur comme un humain !! (c’est encore expérimental) Les deux modèles seront disponibles via leur API, Amazon Bedrock et Google Cloud Vertex AI, avec des prix qui restent inchangés.
Le chercheur d’OpenAI Noam Brown fait sensation en présentant une approche révolutionnaire de l’intelligence artificielle. Exit la course à la puissance brute : leur nouveau modèle o1 mise sur une réflexion plus posée, inspirée du cerveau humain. Les résultats sont bluffants, avec notamment 83% de réussite sur un test de maths de haut niveau, mais cette lenteur a un prix – littéralement, puisque le modèle est bien plus coûteux que ses prédécesseurs.
Le co-fondateur de Goodreads lance une nouvelle application qui va au-delà de la simple lecture d’articles en ligne. Smashing utilise l’IA pour non seulement recommander du contenu personnalisé, mais aussi pour décortiquer les articles sous différents angles – de l’analyse politique aux scénarios boursiers. L’app, qui compte déjà plusieurs milliers de testeurs, est disponible sur iOS avec 3,4 millions de dollars de financement en poche et une version web en préparation.
Agacés par l’afflux de touristes et d’influenceurs qui envahissent leurs restos préférés, des utilisateurs de Reddit ont trouvé la parade : inonder Google de fausses critiques enthousiastes sur une chaîne de steakhouse médiocre. Une situation qui met en lumière les limites de l’IA de Google, qui se base sur le contenu des réseaux sociaux sans pouvoir distinguer ironie ou canulars de véritables recommandations.
Une équipe de Stanford a mis au point une IA baptisée ARC-SV qui révolutionne l’étude des variations génétiques complexes. L’algorithme a identifié plus de 8000 variants d’ADN inédits, dont certains sont liés à la schizophrénie et aux troubles bipolaires. Une découverte majeure qui ouvre la voie à une meilleure compréhension des maladies psychiatriques et à de potentiels nouveaux traitements.
O – Les outils qu’on recommandera toujours
GPT-4 : environ 20% de cette édition est écrite en collaboration avec.
Midjourney : qu’avez-vous pensé des visuels de cette newsletter ?
Descript : l’outil qu’on utilise pour condenser 4-8 heures de rush sur 5 caméras et 3 micros différents en une vidéo digeste de 20 minutes.
Fireflies : délègue la prise de notes ce qui nous permet d’être entièrement présents en appel. Il y a énormément d’outils équivalents sur le marché, on en a testé une dizaine et c’est celui qu’on a préféré.
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C’est la fin de cette newsletter. Merci d’avoir lu cette 20ème édition jusqu’au bout. Si ce moment vous a plu, ou non, faites-le nous savoir en répondant à cet email. Nous lirons personnellement chacun de vos retours et vous répondrons un à un.
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