Vous lisez IA Mania, la newsletter qui décrypte chaque semaine les enjeux business et marketing de l’intelligence artificielle.
Au programme de cette édition :
📜 Article : Le marketing de l’IA devient discret, et ça ne laisse présager rien de bon
🗞️ Les 3 actus d’IA les plus importantes cette semaine
🪚 Une astuce IA pour vous faciliter la vie
Le marketing de l’IA a changé
Il y a des semaines qui passent, et d’autres qui marquent l’histoire.
(phrase proposée par ChatGPT)
Cette semaine, les géants de la tech se sont donnés le mot.
Tous les gros outils d’IA ont, presque en même temps, eu droit à des mises à jours, des nouveautés, des améliorations.
Vous nous direz, “ok, comme toutes les semaines quoi”.
Mais cette fois, quelque chose est différent.
L’industrie de l’IA nous a habitué à accompagner toute nouveauté, aussi mineure qu’elle soit, de fanfaronnades extravagantes, inspirées de keynotes à la Jobs et autres rassemblements messianiques.
Pas ici.
Pas une seule fois le mot “révolutionnaire” n’est apparu dans nos recherches.
La plupart de ces annonces ont eu droit pour seul marketing… à un tweet.
Advanced Voice directement sur son ordinateur, ça veut dire qu’il n’y aura plus besoin d’avoir son smartphone sous la main pour les questions rapides, et surtout plus besoin de synchroniser les résultats de conversation.
Une double économie qui est vraiment bienvenue, réellement utile, et surtout qui fonctionne, pourtant OpenAI décide de la jouer sobrement.
Pour le coup, une énormissme nouveauté : ChatGPT intègre enfin un vrai moteur de recherche web pour tous ses utilisateurs premium.
Si comme nous, vous utilisiez Perplexity pour vos besoins de veille, bonne nouvelle, vous pouvez vous séparer de cette souscription.
Search GPT est en tout point équivalent à Perplexity.
Les mêmes forces :
Des réponses synthétisées et directes
Des sources vérifiées (Financial Times, Le Monde)
Mais aussi, les mêmes faiblesses :
Des sources vérifiées, mais peu variées : la plupart des sites bloquant l’accès aux IA, préparez-vous à passer beaucoup de temps sur Le Monde, RFI, et autre
Des résultats qui manquent parfois de profondeur, des hallucinations
La navigation en temps réel n’est toujours pas 100% fiable
Ne vous fiez pas aux blogueurs qui annoncent déjà la mort de Google.
Search GPT n’est pas un concurrent de la recherche classique, mais bien des autres moteurs de recherche IA. Son véritable atout, c’est son prix, puisqu’il est inclus dans votre abonnement ChatGPT.
Cette semaine également, OpenAI répondait à toutes nos questions sur Reddit.
Dans le chaos des réponses pré-écrites, et des « no comment » polis, trois infos ont retenu notre attention :
Search GPT est une version fine-tunée de GPT-4o, entraînée avec l’aide de o1-preview. En gros, un détail technique qui suggère que cette mise à jour est plus ambitieuse qu’elle n’en a l’air, même si honnêtement en pratique, ça ne se voit pas.
Sam Altman promet des « sorties très intéressantes » d’ici fin 2024, mais sans donner plus de détails.
Enfin, Kevin Weil (CPO) annonce que 2025 sera l’année des « agents » – des IA capables d’agir de façon autonome.
Entre annonces désinvoltes, et réponses évasives, OpenAI semble se lancer dans un nouveau jeu de piste dont nous n’avons pas encore les règles.
2 – Claude
Si ChatGPT est une berline familiale hyper polyvalente et fiable, Claude s’apparente plus à une Formule 1. Elle est super pour faire la course, mais inutile pour aller faire les courses, si vous voyez ce que je veux dire.
Claude se concentre uniquement sur deux points : rédiger et coder mieux que tout le monde.
Claude est le seul vrai concurrent sérieux à ChatGPT.
Cette semaine, Claude frappe fort avec trois nouveautés :
Ah oui, Claude peut enfin voir les images dans les PDF, étonnant que cette fonctionnalité n’arrive que maintenant, mais elle est appréciée.
La nouvelle application pour ordinateur est aussi très très bienvenue puisqu’elle me permet d’avoir un onglet de moins à ouvrir, ce qui est toujours un excellent gain pour la concentration.
Néanmoins après 3 heures d’utilisation cette dernière a crashé 4 fois. Mais rien de surprenant pour une app qui vient de sortir.
3 – Art
Dans l’art, l’IA continue de faire des vagues, ou plutôt devrais-t-on parler d’artisanat puisqu’il s’agit bien de technique pure ici et pas d’intention créatrice.
Toute la newsletter de la semaine dernière était dédiée au sujet de l’IA dans l’art et aujourd’hui le couvert est remis sur la table.
Wonder Dynamics, c’est un outil qu’on a déjà couvert sur la chaîne.
L’idée c’est que vous pouvez créer un modèle 3D d’un personnage, puis l’utiliser pour remplacer n’importe quel sujet d’une vidéo.
Maintenant, Wonder Dynamics permet de remplacer toute une scène par un modèle 3D de votre choix.
Concrètement, vous filmez deux amis qui marchent dans une rue avec plusieurs caméras, et l’outil va :
Extraire leurs mouvements
Convertir la scène en 3D
Placer les caméras virtuelles exactement comme dans votre prise de vue originale
Transformer vos acteurs en personnages 3D
Remplacer votre rue par un décor 3D
Pour les studios professionnels, l’idée n’est pas de produire un rendu final, mais plutôt d’accélérer les phases de pré-visualisation et de story-boarding. Mais pour les créateurs plus modestes, ou aspirants, Wonder Dynamics pourrait être un tremplin vers ce premier film d’animation que vous aviez toujours voulu réaliser.
Il serait judicieux de s’y mettre dès maintenant néanmoins, avant que l’outil ne devienne trop à la mode et que l’effet wow soit complètement dilué.
D-ID sort de nouveaux modèles d’avatars. Crées à partir d’une seule petite minute de vidéo fournie, ils reproduisent vos mouvements de tête, mais aussi de torse et de mains pour plus de naturel.
En termes de technologie, c’est impressionnant, mais comme à chaque fois avec les avatars IA, j’ai vraiment du mal à en voir la réelle utilité. Les corporations larges qui ont un réel enjeu à laisser transparaître le moins de personnalité possible y trouveront peut-être leur compte.
Mais pour tous les autres, je dirais que c’est un gadget curieux de plus.
On a aussi déjà longuement parlé de Suno, l’IA générative de musique.
Cette semaine, Suno lance « Personas », un système qui capture « l’essence » d’une chanson – voix, style, ambiance – pour la réutiliser dans vos créations.
En gros, trouvez une chanson qui vous plaît, transformez-la en « Persona », et utilisez son style dans vos compositions.
C’est comme si vous mettiez un prompt image dans Midjourney pour qu’il reproduise le style d’un artiste ou d’une œuvre.
Pour nous, Suno a toujours été un atout business car pour la première fois, n’importe quelle entreprise pouvait se créer son propre univers musical à un prix qui défie toute concurrence.
Avec cette fonctionnalité, ce processus sera simplifié car il suffira de définir votre style une fois pour toutes pour le réutiliser à volonté.
Par contre maintenant il reste à voir si la « personnalisation musicale » n’est pas juste un autre mot pour dire « uniformisation ».
Gen-3 Alpha Turbo permet maintenant de contrôler précisément les mouvements de caméra :
Travellings horizontaux ou verticaux
Panoramiques fluides
Zooms dramatiques
Combinaisons de mouvements pour créer des boucles intéressantes
Le rendu est esthétique, les cas d’usages restent niches pour les Spielberg de ce monde mais pour les apprentis vidéastes, Runway permettra de créer un effet wow sans trop d’effort.
La promesse de l’automatisation, c’était qu’un jour les robots s’occupent de notre vaisselle et notre lessive pour que nous ayons plus de temps pour nous adonner à la peinture et à l’écriture.
On connaît l’histoire, c’est l’inverse qui se produit sous nos yeux.
Physical Intelligence annonce π0, un modèle d’IA capable de contrôler n’importe quel robot pour effectuer n’importe quelle corvée.
Plier du linge, assembler des cartons, débarrasser une table…
Fascinant de voir que nous sommes plus proches d’avoir un robot qui sait utiliser une éponge, que d’un lave-vaisselle qui ne laisse pas de marque sur nos verres.
De l’autre, Boston Dynamics nous montre Atlas qui déplace des pièces de moteur d’un conteneur à l’autre.
Une aubaine pour Jeff Bezos.
Atlas n’a besoin ni de pause toilettes ni même de la standard part de pizza pour le déjeuner.
Bon, les robots en plus de faire les tâches créatives font maintenant les corvées.
On peut déjà sérieusement se demander à quoi on va servir.
Ce n’est pas dans notre habitude de finir sur une note pessimiste, mais permettez-moi de partager cette citation de Claude Shannon, celui-là même qui a inspiré le nom de l’IA d’Anthropic :
“ Nous serons un jour pour les machines ce que les animaux de compagnie sont aujourd’hui pour nous. En l’attente de ce jour, je suis du côté des machines.”
5 – Mot de la fin : est-ce un complot ?
Bizarre, cette semaine.
Après deux années de de prophéties et de keynotes grandiloquentes quasi hebdomadaires, l’industrie de l’IA joue soudain les timides.
Plus un seul « bouleversement » à l’horizon.
Plus de « percée technologique ».
Même plus un petit « révolutionnaire » qui traîne.
Reprenons les faits :
OpenAI sort discrètement des mises à jour majeures
Anthropic, les deuxième en lice, en font de même
Même les startups jouent la carte de la sobriété
On est passé de :
« Cette technologie va changer le monde ! »
À :
« Oh, une petite mise à jour qui permet à une IA de contrôler votre ordinateur. Rien de spécial. »
Deux théories s’affrontent :
L’industrie de l’IA a compris que le public est fatigué du marketing de la hype. Exit les promesses à la Elon Musk, place aux résultats concrets. On ne peut pas crier au loup chaque semaine et espérer être cru indéfiniment.
Ce silence soudain cache quelque chose de plus gros. Sam Altman promet que 2025 sera l’année des agents autonomes. Les investissements dans l’IA n’ont jamais été aussi importants.
En tout cas, pour nous, ce n’est pas anodin.
Ces entreprises vivent de l’attention médiatique et choisissent volontairement la discrétion.
En attendant, on garde un œil vigilant pour vous sur toute annonce “trop discrète”.
Quand les géants de la tech se font silencieux, c’est rarement pour méditer.
Plus d’un quart du nouveau code chez Google est écrit par l’IA. Un quart !! Bien sûr, les ingénieurs relisent et valident, mais ça en dit long sur leur confiance dans la technologie. Le message est clair : Google mise gros sur l’automatisation. Difficile de leur donner tort quand leur division cloud, qui fournit l’infrastructure IA à d’autres entreprises, affiche +35% de croissance.
Les régulateurs américains viennent de rejeter le projet d’Amazon de brancher ses datacenters IA directement sur une centrale nucléaire, craignant une déstabilisation du réseau électrique national. Quand on sait que d’ici un an l’industrie de l’IA consommera autant d’énergie que la Suède (ou que l’Allemagne dans les scénarios extrêmes), on se demande qui cèdera en premier entre nos capacités de production d’énergie et l’appétit insatiable des modèles d’IA.
LinkedIn sort son premier agent IA pour faire le travail des recruteurs. L’agent peut transformer des notes brouillons en offres d’emploi, sourcer des candidats et même avoir une discussion préliminaire avec eux. Pour l’instant, l’agent est réservé aux grands comptes (AMD, Canva, Siemens). Quand on sait que le recrutement représente 7 milliards de dollars de revenus pour LinkedIn, on comprend pourquoi la plateforme préfère se positionner en premier pour « libérer les recruteurs des tâches répétitives ».
Les outils qu’on recommandera toujours
ChatGPT : le couteau-suisse de l’IA, si vous ne deviez avoir qu’une souscription, ce serait celle-ci.
Claude : 20 à 30% de cette édition est écrite en collaboration avec.
Midjourney : qu’avez-vous pensé des visuels de cette newsletter ?
Descript : l’outil qu’on utilise pour condenser 4-8 heures de rush sur 5 caméras et 3 micros différents en une vidéo digeste de 20 minutes.
Fireflies : délègue la prise de notes ce qui nous permet d’être entièrement présents en appel. Il y a énormément d’outils équivalents sur le marché, on en a testé une dizaine et c’est celui qu’on a préféré.
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