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La Baraja española
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Baraja española, jeu imprimé à Valence en 1778.
Le baraja est un art divinatoire utilisant un jeu de cartes à enseignes espagnoles.
La spécificité de ce jeu, la baraja española, est d’être composé de 40 ou 48 cartes réparties respectivement en dix ou douze cartes :
copas, « coupes » ; espadas, « épées » ; bastos, « bâtons » et oros « ors ». Ces quatre catégories sont les équivalents hispaniques des deniers du tarot dit de Marseille ou des denari des jeux italiens.
Un jeu sans reine, ni 10 ou sans 8 et 9 !
Pour les jeux de 48 cartes, ces dernières vont de l’as au 9, puis passent directement au valet et au cavalier et à nouveau du cavalier au roi, car la reine n’existe pas.
Les cartes sont donc au nombre de 48.
Comme vous le remarquez, ni la carte 10 ni la carte représentant la reine n’existent ! Pour les jeux de 40 cartes, ce sont les cartes 8 et 9 qui sont absentes du jeu.
Un jeu venu d’Orient et remontant au Moyen Âge
Contrairement aux “naipes” (cartes à jouer) actuels, ces cartes servaient plus à des pratiques divinatoires ou magiques qu’au jeu.
C’est d’ailleurs sur le jeu de cartes espagnol que se baserait le tarot, aujourd’hui encore une référence mystique.
Un mystère demeure :
Comment ces cartes sont-elles passées du lointain Orient à l’Espagne ?
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La réponse se trouve sur les Routes de la Soie, des voies commerciales très fréquentées entre l’Antiquité et le Moyen-Âge et qui reliaient l’Orient au sud de l’Europe.
Les cartes du Proche-Orient sont d’abord arrivées dans le sud de l’Italie, où la couronne aragonaise dirigeait le Royaume de Naples.
On trouve d’ailleurs encore aujourd’hui en Italie un jeu de cartes très semblable à la baraja española.
Les cartes sont donc arrivées par la Catalogne, et se sont ensuite étendues à toute la péninsule jusqu’au Portugal, où on connaît ce type de cartes encore aujourd’hui.
Par ailleurs, le nom “naipe” vient du catalan “naip”,
possiblement une déformation de l’arabe “ma’ib” qui signifie ‘censurable’, compréhensible étant donné que certains jeux où il faut miser de l’argent sont prohibés par l’islam.
Autre preuve pour appuyer l’entrée des cartes par la Catalogne :
C’est dans cette région que se conserve la plus ancienne mention du jeu de cartes, dans un document de 1378 conservé par les archives municipales de Barcelone.
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Séville, 1390.
La plus ancienne baraja española vient de Séville, en 1390 ; une preuve qu’elle s’est rapidement étendue à toute la péninsule.
On y distingue déjà les quatre familles, bâtons-épées-pièces d’or-coupes, toujours présentes aujourd’hui.
Pour l’anecdote, certains attribuent aux familles de cartes espagnoles une symbolique de la société de l’époque.
Ainsi, les épées pourraient faire référence à la noblesse et aux militaires, et les pièces d’or aux métiers du commerce et à l’argent.
Les coupes peuvent symboliser le clergé, notamment avec l’image du calice, et enfin les bâtons représenteraient les paysans.
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Représentation des lames selon les pays.
La signification des cartes de la baraja
D’une manière générale, les cartes coupes et bâtons sont dites « lames bénéfiques » .
Les ors et les épées seraient porteuses de présages plus négatifs…
Toutefois, dans chacune de ces catégories, la couleur peut jouer sur le sens des cartes.
On peut se servir de la classification suivante pour interpréter les grandes lignes de la baraja española.
En ce qui concerne la signification des cartes, les coupes et les bâtons étaient considérés comme des lames bénéfiques tandis que les ors et les épées seraient plus négatifs.
Certes, il y a de bonnes et mauvaises cartes sur chaque couleur.
Les coupes :
Représentent des personnes au teint clair et aux cheveux blonds alors que les personnes grossières sont représentées par des épées et des cheveux foncés.
Il est important de savoir que les coupes font référence aux problèmes d’amour, à vos sentiments ou vos problèmes de couple.
Cela peut être votre vie amoureuse, familiale, vos relations personnelles dans l’ensemble.
Elles représentent les signes d’eau comme les Poissons, Cancers et Scorpions.
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Un exemple d’interprétation
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Les bâtons : Font référence aux problèmes liés au travail, au mouvement, à l’énergie et à l’action. Les voyages peuvent également être représentés par les bâtons. Ils représentent les signes de feu comme les Sagittaires, Lions ou Béliers.
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Les épées : Symbolisent la santé physique et mentale du consultant. Il fait appel aux signes d’air tel que les Gémeaux, Balance et Verseau.
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Les ors : Représentent les problèmes économiques et les biens matériels : Les dettes, les dépenses. Ils correspondent aux signes terrestres des Taureaux, Vierges et Capricornes.
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Heraclio Fournier.
Heraclio Fournier, premier fabricant de Barajan
En Espagne, les “naipes” que l’on connaît aujourd’hui datent de la fin du XIXe siècle et sont l’idée d’un seul homme : Heraclio Fournier.
D’origine française, Fournier ouvre son imprimerie à Vitoria, au Pays basque, en 1870 et fait vite fortune.
Il présente un jeu de cartes plus moderne, avec un nouveau design tout en conservant les quatre familles.
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Usine Fournier.
Et celui-ci rencontre un franc succès :
Les cartes remportent plusieurs prix lors de l’Exposition universelle de Paris en 1889.
Depuis, la marque Naipes Heraclio Fournier est devenue le leader du marché espagnol dans l’impression des traditionnelles cartes à jouer, et le design a très peu changé depuis.
La baraja española, jeu de cartes traditionnel en Espagne
Les jeux de cartes espagnols modernes reprennent principalement le portrait castillan, mais il existe d’autres portraits encore produits aujourd’hui, le portrait spécifique de l’aluette – jeu de la vache ou la vache, jeu de cartes pratiqué dans l’ouest de la France –, le portrait de Cadix qui s’est répandu en Amérique latine, etc.
Ce type de cartes a été utilisé, du fait de l’influence espagnole, en Afrique du Nord (Algérie et Maroc).
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Jeu Fournier.
La baraja española est donc un jeu de cartes traditionnel en Espagne.
Des cartes qui depuis l’origine, sont souvent ornées de motifs et de dessins colorés, reflétant la riche histoire culturelle de l’Espagne.
La baraja est parfois aussi utilisée comme jeu de stratégie, et est également populaire dans d’autres pays hispanophones.
Toutefois, contrairement au Tarot, spécifiquement conçus pour la divination, il contient des cartes aux images et symboles riches en signification, y compris les arcanes majeurs et mineurs, les cartes de la baraja sont moins centrées sur la symbolique ésotérique.
Sources : Dico voyance – Glossaire de la voyance et de l’ésotérisme, Mon Site Voyance
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Amicalement,
Olivier Cros
PS : Retrouvez cet article et bien d’autres tout aussi passionnants sur le site 450.fm .
Sur l’auteur : Yonnel Ghernaouti est directeur de la rédaction de 450.fm. Il a fait l’essentiel de sa carrière dans une grande banque ancrée dans nos territoires. Petit-fils du Compagnon de l’Union Compagnonnique des Compagnons du Tour de France des Devoirs Unis (UC) Pierre Reynal, dit « Corrézien la Fraternité », il s’est engagé depuis fort longtemps sur le sentier des sciences traditionnelles et des sociétés initiatiques. Chroniqueur littéraire, membre du bureau de l’Institut Maçonnique de France (IMF) et médiateur culturel au musée de la franc-maçonnerie (Musée de France), il collabore à de nombreux ouvrages liés à l’Art Royal et rédige des notes de lecture pour plusieurs revues obédientielles dont « La Chaîne d’Union » du Grand Orient de France et « Perspectives » de la Fédération française de l’Ordre Mixte International Le Droit Humain ou encore « Le Compagnonnage » de l’UC. Initiateur des Estivales Maçonniques en Pays de Luchon, il en a été le commissaire général. En 2023, il est fait membre d’honneur des Imaginales Maçonniques & Ésotériques d’Épinal (IM&EE).
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