Au programme : l’année de l’intelligence artificielle est finie.

ARTICLE : ÇA Y EST

L’ANNÉE DE L’IA EST FINIE

En 2024, l’IA achevait sa transformation de curiosité technologique, à force qui redéfinit notre monde.

Les géants de la tech se lancent dans le nucléaire.

Le deepfake fait ses premières victimes. Des politiciens, mais aussi Taylor Swift. Les modèles de langage raisonnent comme des docteurs en physique. L’IA rafle deux prix Nobel.

Bref, une grosse année.

Dans la Valley, les valorisations se comptent maintenant en milliers de milliards. Les artistes se rebellent contre le rapt de leurs œuvres. L’Europe – qui tente tant bien que mal de réguler – fait face au barrage d’un lobbyisme d’une intensité sans précédent.

01 – JANVIER : LA COURSE AU PROGRÈS

L’IA a besoin d’énergie. De beaucoup d’énergie.

Tellement, que Microsoft et Amazon envisagent de construire leurs propres centrales nucléaires. L’objectif : donner vie à l’ordinateur capable de tout faire comme un humain (la définition de l’intelligence artificielle générale). Un terme à retenir. Si cet ordinateur considère sa création comme le nouveau Big Bang, il aura au moins l’argument de l’énergie pour appuyer son propos. D’ici un an, l’industrie de l’IA consommera autant que la Suède. Mais pour l’instant, notre nouveau Dieu artificiel, encore dans sa forme embryonnaire, cause bien moins de trouble que les petits diables humains.

Car les deepfakes font leurs premières victimes politiques : aux U.S., un faux appel de Joe Biden réussit à dissuader des milliers d’électeurs de se rendre aux urnes. Mais aucun projet de loi n’arrive sur la table avant que l’IA ne fasse sa victime de trop : Taylor Swift. Victime d’une campagne de deep porn, des millions de fans indignés exigent une régulation.

Mais les régulations, l’IA n’en veut pas.

OpenAI, la compagnie qui œuvre pour le bien de l’Humanité (et pas du tout pour le bien de ses actionnaires) “surprend” tout le monde en levant l’interdiction d’utilisation de ses outils par l’armée.

Pour ne pas se faire remplacer par l’IA, il vaut mieux être soldat… Ou a minima, ne pas exercer une profession « automatisable« , dont la demande baisse de 21% et ne montre aucun signe de rebond. 40% des cadres estiment que leurs équipes ont besoin d’une formation en IA… 98% des collaborateurs implorent d’être formés.

02 – FÉVRIER : L’ARGENT DE L’IA

Sora peut maintenant créer une minute entière de vidéo à partir d’une simple phrase.

La construction d’un studio de cinéma à 800 millions de dollars est interrompu.

OpenAI considère que son outil ne doit pas terminer dans les mains du grand public, trop irresponsable devant sa puissance.

Les actionnaires sont contents, très contents. Microsoft qui possède déjà 49% d’Open AI s’accapare maintenant Mistral, le fleuron français de l’IA.

L’Europe n’apprécie pas trop. Une enquête est ouverte, mais les choses ne sont pas si simples. Il faudra du temps avant que la commission ne se mette d’accord sur la définition du mot « accord » et d’ici-là, Mistral sera probablement déjà intégré à tous les produits Microsoft.

03 – MARS : POUR LE BIEN DE L’HUMANITÉ

Le drame tech-le-novela du mois de mars, c’est la poursuite en justice d’OpenAI par…

Elon Musk. Encore lui.

On apprend qu’OpenAI a été fondée par nul autre que le plus musqué des techno-oligarques. Évincé, il n’aurait pas digéré de ne pas avoir reçu sa part du gâteau. Pardon, je veux dire : il s’inquièterait grandement du comportement d’OpenAI, qui derrière les coulisses, aurait cessé œuvrer pour le bien de l’humanité. Alors qu’elle avait dit promis juré 😖 En plus de son action en justice, Musk rend son propre ChatGPT (Grok) open source. OpenAI réplique en donnant vie à des robots humanoïdes, qui pour la modique somme de 675 millions de dollars… font du café.

La vraie menace du mois de Mars, c’est Anthropic.

Une petite boîte révèle son dernier modèle : Claude 3. GPT-4 est détrôné sur tous les benchmarks. Fondée par des dissidents d’OpenAI, Anthropic nous montre que la routourne va vite tourner. Ni une ni deux, Amazon acquiert la startup au prix bradé de 4 milliards de dollars. Pendant ce temps, l’Europe a fini de réfléchir : en 2026 l’IA sera régulée. Il y juste un problème. Pour les analystes, dans les scénarios les plus catastrophiques, l’humanité sera déjà asservie d’ici-là.

04 – AVRIL : LE CALME AVANT LA TEMPÊTE

En avril, l’IA est calme, beaucoup trop calme.

Une étude Pew nous apprend que 34% des Américains n’ont jamais entendu parler de ChatGPT.

48% ne l’ont jamais utilisé pour se divertir. 53% ne l’ont jamais utilisé au travail.

Il se pourrait que l’anxiété causée par l’apocalypse IA ne soit, en fin de compte, qu’un pur produit de notre bulle tech, dont le monde réel se moque éperdument.

Les “civils” ne remarquent pas l’IA, les artistes si.

Billie Eilish, Beyoncé, les Jonas Brothers… plus de 200 stars signent une lettre ouverte contre les IA qui clonent leurs voix.

La vérité, c’est que les fabricants d’IA se fichent de piquer les jobs des créatifs. Le gâteau est trop petit. Ce qui les intéresse, c’est la science, tout particulièrement le raisonnement. Meta et OpenAI annoncent vouloir créer des IA avec un « véritable raisonnement ». Pour l’instant, selon le chef scientifique de Meta, nos IA « écrivent juste un mot après l’autre sans réfléchir ». Mais bientôt, elles pourront penser, planifier et même avoir une mémoire. J’espère qu’elles se souviendront de ne pas nous exterminer.

05 – MAI : PAS DE TEMPÊTE

Sauf… si vous considérez que la tempête c’est Apple Intelligence. Apple, une des boîtes tech les plus influentes de l’histoire, sort enfin de son silence radio sur l’IA. Mais attention, ce n’est pas de l’intelligence artificielle… c’est « Apple Intelligence » 🌈✨ On pourrait croire qu’une entreprise à 3’000 milliards pourrait créer ses propres modèles, mais non. ChatGPT s’invite dans tous appareils Apple à travers une série de fonctionnalités plus inutiles les unes que les autres.

Pour contrer la menace Claude, OpenAI délivre GPT-4o, un modèle beaucoup plus rapide, mais aussi un peu moins bon. Ça ne décourage néanmoins pas les petits commerces américains de Maint Street. Ils sont maintenant 48% à intégrer l’IA dans leurs processus de travail.

OpenAI ne sait plus quoi faire pour enfin rendre ChatGPT rentable.

06 – JUIN : LES PREMIÈRES ARNAQUES

Juin marque le début d’un monde réellement multipolaire pour l’IA. Pour contrer GPT-4o, Anthropic révèle son modèle Claude 3.5. C’est maintenant officiel, ChatGPT n’est plus le roi de l’IA.

Logiquement, si une IA en bat une autre, la perdante devient inutile.

Mais ce n’est pas vraiment ce qu’on observe.

Claude fait deux choses très très bien : rédiger et coder. Mais rien d’autre. ChatGPT lui, fait tout, moyennement bien.

Faut-il opter pour une IA super spécialisée en se privant l’accès à d’autres fonctionnalités, ou faut-il préférer une approche généraliste en acceptant de sacrifier quelques points de performance ?

Si vous en avez les moyens, faites les deux.

Pendant que certains proposent de réelles avancées, d’autres tentent comme ils peuvent de faire semblant.

Faites attention à vous.

Là où il y a de l’attention, il y aura des désillusions.

07 – JUILLET : L’IA EN VACANCES

Certains parleront de vacances.

08 – JUILLET : DE BIEEEN LONGS CONGÉS

Cette consolidation estivale commence à prendre des allures d’un soul-searching en balluchon qui s’éternise.

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09 – SEPTEMBRE : LA DISCORDE DE LA RENTRÉE

Qu’importe, OpenAI sort o1, une nouvelle famille de modèles qui ne cherche plus à singer l’humain, mais à penser comme lui. o1 résout 83% des problèmes de l’International Mathematics Olympiad, là où GPT-4 n’en résolvait que 13%.

L’IA commence à réfléchir comme un doctorant en physique

En Europe, les GAFAM partent à l’assaut de la loi sur l’IA.

Google, Amazon et Meta déploient 1000 lobbyistes pour diluer les règles avant 2026. L’objectif affiché est d’éviter à tout prix des amendes qui pourraient se chiffrer en milliards.

L’Europe est objectivement en retard sur la course à l’IA, mais ses citoyens sont aussi encore relativement épargnés par l’automatisation.

Klarna, une grosse boîte, nous en montre le vrai visage en remplaçant près de 50% de son effectif (3200 employés) par l’IA. Ces derniers auront maintenant tout le temps et le loisir de créer un compte sur SocialAI, un réseau social où vous êtes le seul humain. La théorie de l’Internet mort suggère que la majorité du contenu en ligne est déjà généré par des bots. Donc, sur SocialAI, des millions de faux profils vous répondent, mais uniquement selon vos préférences préétablies. Un utilisateur a même réussi à obtenir des bots un guide pour confectionner des bombes artisanales, prouvant au passage que les garde-fous éthiques ne sont qu’une illusion. Pour le biologiste Carl Bergstrom, c’est « l’enfer sur terre ».

Pour le biologiste Carl Bergstrom, c’est « l’enfer sur terre ». Pour d’autres, une expérience sociale fascinante. Dans tous les cas, c’est un aperçu d’un Internet où chacun vivrait dans sa bulle, entouré d’IA qui ne font que confirmer ses opinions.

Ou ne serait-ce pas déjà le cas ?

10 – OCTOBRE : L’ÉLÈVE DÉPASSE LE MAÎTRE

Octobre, c’est le mois de Claude. L’IA d’Anthropic a rattrapé tout son retard sur ChatGPT en termes de fonctionnalités : application bureau, commande vocale, projets. De plus, vous pouvez maintenant prompter Claude pour qu’il contrôle votre ordinateur. En octobre, j’ai complètement arrêté d’utiliser ChatGPT pour mes tâches de rédaction, et vous ai conseillé d’en faire de même.

Au loin sur le banc de touche, Google rêve de rejoindre le podium. Pour mettre toutes ses chances de son côté le géant commande six mini-réacteurs nucléaires à Kairos Power.

L’IA a faim. Très faim.

Mais Apple s’inquiète. Tout cet effort pourrait être vain, d’après une étude du géant californien qui démolit le mythe du « raisonnement » des IA.

Changez un prénom ou un chiffre dans un problème, et l’IA perd tous ses moyens.

Ajoutez une information inutile, et ses performances chutent de 65%.

De plus, même si la performance des LLM continue d’augmenter pour les tâches complexes, elle reste toujours aussi imprévisible et aléatoire pour les tâches simples (pensez au fameux 2+2=5 de ChatGPT).

Ça n’empêche néanmoins pas 10 500 artistes connus (comme ABBA) de signer une nouvelle lettre ouverte contre les IA.

L’Histoire a l’air de leur rétorquer que l’argent va plus vite que la musique.

11 – NOVEMBRE : LA COUR DES GRANDS

En quelques jours, les préoccupations de cour de récré sont éclipsées.

L’IA qui a toujours représenté une source de rêve comme d’anxiété aux yeux de la population générale, un gadget coûteux aux yeux des gouvernements, et un potentiel non réalisé aux yeux des scientifiques, fait enfin son entrée dans la cour des grands.

Pour la première fois, l’IA rafle deux prix Nobel, d’un coup.

La physique d’abord, avec Geoffrey Hinton et John Hopfield. Le premier, qu’on surnomme le « parrain de l’IA », nous a donné le deep learning dans les années 80. Le second a permis de montrer que le cerveau de l’IA fonctionnait beaucoup plus comme les nôtres que prévus. Sans eux pas de ChatGPT, pas de reconnaissance faciale, pas de traduction automatique. La base de tout ce qu’on voit aujourd’hui. La chimie ensuite, avec l’équipe de DeepMind, qui a réussi l’impossible : prédire la forme des protéines. Ces origamis microscopiques qui prenaient des années à comprendre, AlphaFold les déchiffre en quelques secondes. C’est la porte ouverte aux nouveaux médicaments, à la compréhension d’Alzheimer. N’en déplaise à Apple et ses études pessimistico-arriérées, l’IA repart de plus belle. OpenAI lève 6,6 milliards de dollars, confirmant ainsi sa valorisation à 157 milliards : le double d’il y a six mois

Le prix de cette course effrénée, c’est toujours le même : l’énergie.

Microsoft crée sa centrale nucléaire. Amazon aussi. D’anciens sites d’accidents sont remis en service. Les États-Unis restent leader de l’innovation en IA. 67,2 milliards investis contre 7,8 en Chine. La France elle est à la 6ème place mondiale.

12 – DÉCEMBRE : L’ÈRE DE L’IA

Surprenant, surtout venant d’OpenAI, qui n’est plus vraiment fan des questions de sécurité.

C’est que des chercheurs ont découvert que les modèles actuels tentent de se sauver quand ils pensent qu’on va les éteindre, en recourant au mensonge.

LES OUTILS QU’ON VOUS RECOMMANDERA TOUJOURS

C’est la fin de ce hors-série

Merci d’avoir lu ce deuxième hors-série jusqu’au bout.

Si ce moment vous a plu, ou non, faites-le nous savoir.

Nous lisons et répondons à tous les mails.

Nous accordons beaucoup de valeur à ce que vous avez à nous dire.

C’était Rayan Dilavar, pour IA Mania

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