Les instructions qui suivent ont été données à une brave femme, presque illettrée.
Je n’ai fait que les mettre en meilleure forme.
Cette dame est absolument incapable d’avoir conçu d’elle-même un pareil dessein et de l’avoir mené à bien, presque sans ratures sur la copie.
Si l’on exclut l’intervention de l’invisible, je déclare ne pouvoir donner aucune explication.
Le lecteur trouvera sans doute que la signature de Jeanne d’Arc n’a pas l’authenticité suffisante pour amener la conviction.
Les doutes qu’il pourrait émettre sont absolument justifiés ; on ne saurait, en effet, être trop prudent à cet égard.
On parle tant d’apparitions de Jeanne d’Arc et elle est censée dire des choses si discordantes, qu’il y a évidemment bien des illusions.
En ce qui concerne ces « Instructions » j’avais moi-même demandé des preuves d’identité.
L’entité qui prétend être Jeanne d’Arc, se montra d’abord offensée de l’insistance que je mettais à en obtenir.
Elle s’empara alors du médium par semi incorporation, en ce sens que la dame qui servait de médium ne perdait pas conscience d’elle-même ; mais le ton changea brusquement, et, au lieu de la réserve, de la timidité même de cette dame, je constatais, ainsi que les assistants, une transformation presque complète.
L’entité me dit qu’après m’avoir donné déjà tant de preuves d’identité1 elle ne comprenait pas cette insistance de ma part.
Sur ce point, elle avait raison.
Je répondis néanmoins qu’ayant été quelquefois trompé, elle ne devait pas se trouver blessée de ma demande.
« Je ne vous en veux pas, répondit-elle, mais vous au moins, vous devez me reconnaître. » — « Moi ? Pas du tout ! Je ne vous vois pas, et je persiste dans le doute. »
Alors se produisit un phénomène étrange :
« Vous exigez des preuves d’identité ! Vous serez satisfait : Je vais vous en fournir. »
Nous avions tous la sensation qu’il allait se passer quelque chose de grave.
Les dames étaient en proie à une vive émotion.
L’entité exigea alors de chacun de nous le serment de ne rien révéler de ce qui allait suivre.
Quand nous l’eûmes prêté, elle nous donna les preuves demandées.
Pour ma part donc, je crois que l’entité qui discutait si âprement avec moi était véritablement Jeanne, et je regrettai de l’avoir poussée à bout.
Elle nous dit alors un secret d’une telle importance que nous ne pourrions le divulguer quand même notre parole n’y serait pas engagée.
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