Ces 3 commentaires, pris au hasard, viennent de 3 vidéos complètement différentes.
Mais il en ressort la même idée : le “biais du survivant”, (tel que ces personnes le comprennent), est utilisé comme contre-argument général face à tout conseil.
“Tu dis qu’il faut travailler dur pour réussir ?
Bah ! Biais du survivant !
Tu oublies tous les gens qui ont travaillé dur et échoué !”
Ce raisonnement est illogique.
Travailler dur (dans cet exemple), peut être une condition nécessaire mais non suffisante pour réussir :
-
Nécessaire : si on observe que tous les gens qui ont réussi au delà d’un certain niveau ont travaillé dur, alors on peut en déduire que c’est une condition nécessaire
-
Non suffisante : c’est évident que si vous travaillez dur, mais sur une mauvaise idée, vous n’allez pas réussir !
Donc dire “il faut travailler dur pour réussir” n’est pas la même chose que dire “il SUFFIT de travailler dur pour réussir”.
Mais ces commentateurs confondent les deux. Ou font semblant de confondre…
4. La voie de la facilité 
A mon avis, ces gens commettent une de deux erreurs :
a. Ils cherchent des excuses pour leurs échecs.
“Certaines personnes qui travaillent dur échouent quand même.
=> Donc travailler dur ne garantit pas le succès.
=> Donc il faut avoir un coup de chance pour réussir.
=> Donc si je n’ai pas de succès, c’est juste que je n’ai pas de chance.
=> Donc je n’ai pas besoin de changer ma mentalité ou mon comportement.”
Pratique, n’est-ce pas ?
Vous n’avez pas à avoir de regrets si vous avez échoué quelque chose. Vous n’avez jamais à sortir de votre zone de confort. Rien n’est jamais de votre faute.
Et cette excuse est super efficace, parce que…
… c’est VRAI que la chance joue un rôle énorme dans le succès !
Mais encore une fois, il s’agit d’une “condition nécessaire mais non suffisante”.
Certes, toute personne qui a spectaculairement réussi (comme les Kardashians ou The Rock) a bénéficié d’un super timing, des bonnes rencontres, d’être née au bon endroit au bon moment, etc…
Mais ils ont aussi pris des milliers de bonnes décisions pour 1) se mettre dans une situation où la chance pouvait les trouver et 2) capitaliser sur ces opportunités.
Admettre qu’ils ont aussi eu de la chance ne vous empêche pas d’apprendre de leur stratégie et de leurs décisions – pour vous aussi créer la chance* dont vous allez avoir besoin.
* Sur la question de la chance, voilà le grand débat philosophique : Si réussir votre carrière est l’équivalent de jouer à un loto qui est gagnant une fois sur 100, quelle est la fréquence des tirages ?
Les gens qui vous disent “c’est juste de la chance”, semblent opérer sur un modèle mental ou tout le monde est tiré au sort une fois, à l’âge de 18 ans – et si votre ticket n’est pas gagnant, vous êtes cuit.
De mon côté, j’opère sur un modèle mental où chaque vidéo, chaque rencontre, chaque projet est un nouveau ticket de loto. Si vous générez des dizaines de tickets chaque année, tôt ou tard vous tomberez sur un gagnant.
b. Ils exigent un niveau de certitude inatteignable
“On ne peut pas savoir à 100% pourquoi quelqu’un a réussi.
On n’a pas toutes les informations.
On n’est pas dans sa tête.
On ne sera jamais exactement dans la même situation, pour répliquer ce qu’il a fait”.
Vrai sur tous les points.
Et alors ?
Le but d’étudier des gens à succès n’est pas de pouvoir écrire un papier dans une revue scientifique qui “Prouve À 100% La Stratégie De Succès Qui Marche À Tous Les Coups”.
Parce que c’est impossible.
Le monde est trop compliqué pour ça. Chaque personne que vous étudiez est vaguement similaire à vous sur certains points, et très différents sur d’autres.
On ne peut pas faire une expérience rigoureuse de ce qu’il serait arrivé aux Kardashian sans leur sextape, ou cloner Arnold Schwarzenegger pour voir s’il réussirait aujourd’hui.
Aucune stratégie ne marche à tous les coups. Personne ne peut vous garantir, sans l’ombre d’un doute, que vous allez réussir si vous faites X.
Alors exiger une parfaite certitude est un moyen déguisé de justifier son inaction :
“Personne ne peut me prouver par A + B comment réussir, donc je ne vais jamais rien essayer.”
5. Reconnaître les schémas 
Le mieux que vous puissiez faire, dans notre monde incertain, est d’estimer la bonne réponse :
“J’ai étudié 50 personnes à succès, et j’ai remarqué qu’ils ont généralement une vision inspirante du futur, qui inspire les gens à les suivre.
Donc avoir une vision inspirante va probablement m’aider à devenir un leader dans mon domaine.”
Vous ne pouvez pas fonder votre stratégie sur un seul exemple. Mais si vous continuez à emmagasiner des études de cas, vous allez voir des tendances générales se dégager.
C’est ce que les américains appellent le “pattern recognition” : reconnaître des schémas qui se répètent.
C’est imparfait, mais c’est le meilleur outil à notre disposition.
L’alternative est de ne rien apprendre et de ne rien faire.
6. Les mécanismes de défense mentaux 
Le Biais du survivant n’est qu’un exemple d’un mécanisme de défense mentale.
On a tous ces réactions instinctives de notre cerveau, qui cherche à maintenir le statu quo :
“Je ne suis pas le genre de personne qui fait X.”
“Ça ne marchera pas pour moi.”
“Si je ne suis pas sûr à 100% que ça va marcher, ça ne sert à rien d’essayer.”
Ces mécanismes sont nécessaires : ils nous protègent au quotidien. Sans eux, nous tomberions dans toutes sortes d’arnaques et sectes religieuses.
Mais, comme un antivirus un peu zélé, parfois ils bloquent des programmes qu’on aurait bien voulu installer.
Je suis tout aussi victime de ces blocages que n’importe qui.
Prenez cet exemple : je voudrais devenir meilleur en yoga.
Mais “je ne suis pas le genre de mec qui s’inscrit à un stage de yoga”.
C’est plus facile de pratiquer avec des vidéos que de risquer d’avoir l’air ridicule en public.
Mais si je suis honnête, je sais très bien que le stage me fera progresser plus vite.
Et ce genre de contre-argument marche pour absolument tout ce qui me donne un peu d’anxiété :
“Je ne suis pas le genre de mec qui fait de la moto.”
“Je ne suis pas le genre de mec qui va à ce type de soirée.”
“Je ne suis pas le genre de mec qui poste sur TikTok.”
Donc il est important de ne pas vous reposer sur un “contre-argument général”, et de vous demander :
“Et si je m’inscrivais à ce stage de yoga ? Que se passerait-il ?”
“Et si je suivais ce conseil, qui est en dehors de ma zone de confort ?”
“Est-ce que ça vaut le coup de tenter, même si je ne suis pas sûr que ça marche ?”
À bientôt,
Stan
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