Durée de lecture : 9 minutes.
Bonjour,
Vous lisez IA Mania, la newsletter qui décrypte chaque lundi les enjeux business et marketing de l’intelligence artificielle.
Au programme de cette édition :
- 📜 Article : IA, avancées et controverses
- 🗞️ Les 3 actus d’IA les plus importantes cette semaine
IA, avancées et controverses
Si toute la Terre regardait “Eno”, le dernier film acclamé au festival de Sundance, nous verrions tous une version différente du film.
“Eno”, est un même film, qui se décline en 52 quintillions de compositions différentes (52 suivi de 19 zéros), grâce à la magie de ✨l’informatique ✨.
En parallèle, des artistes s’interrogent sur les formes que prend la souffrance, quand on est une machine.
Ils essaient aussi d’imaginer un monde post-IA : le revenu universel mène les humains vers une existence affalée, leurs cerveaux légèrement lobotomisés, mais toujours fonctionnels…
Si vous conduisez une Volskwagen, vous pourrez très bientôt prompter ChatGPT directement depuis votre tableau de bord, moyennant l’achat d’une toute petite souscription de rien du tout. La dernière, promis.
Meta cherche à surpasser Sora avec son nouveau modèle de génération vidéo, entraîné sur des données éthiques.
LinkedIn de leur côté ne se gênent pas pour assumer ouvertement l’utilisation non autorisée des données de ses utilisateurs pour l’IA.
Des acteurs malveillants et silencieux continuent d’oeuvrer pour manipuler opinions et élections. Ils arrivent même maintenant à déshabiller des enfants digitalement…
Pour cette édition, on vous propose de faire le point sur les dernières avancées et controverses dans l’univers de l’intelligence artificielle.
I – Le mauvais
Aswath Damodaran est un des plus éminent professeur de finance au monde.
Il raconte l’histoire du jour où un banquier enjoué lui présentait sa version de lui même, mais en IA : le Damodaran Bot.
« Cette IA avait lu toute mon oeuvre, assisté à tous mes cours, examiné toutes les valorisations que j’avais rendues publiques. Le bot était apparemment prêt pour un essai en entreprise. Ses valorisations pourraient ensuite être comparées aux valorisations proposées par mes meilleurs étudiants.”
Damodaran a toujours tenu a ce que l’intégralité de ses travaux fassent partis du domaine public.
Maintenant mis en face de son successeur, il se demande si son choix était judicieux.
Aswath Damodaran : « Un esprit vide est l’atelier du diable, mais c’est aussi le berceau de la créativité » © Jerod Harris/Getty Images/Vox Media/Financial Times
L’humain automatise tout ce qu’il/elle peut depuis des siècles, des millénaires.
Automatiser, c’est presque sine qua non de la condition humaine.
Mais notre obsession pour l’efficacité pourrait-elle en fin de compte notre perte ?
Pour Aswath Damodaran, la réponse est claire.
Il a son héritier artificiel devant les yeux.
Il peut toucher sa perte. La visualiser.
Mais pour nous, les personnes moins éminentes de ce monde, à quoi ressemblent les dégâts de la sur-optimisation ?
On pourrait se pencher sur Amazon, qui a déjà multiplié par 10 le nombre de robots dans ses entrepôts, tout en diminuant de quelques pourcents, maigres mais constants, le nombre d’humains.
Juste assez pour passer inaperçu.
L’IA impacte également nos vies personnelles.
71 pourcents des utilisateurs d’Instagram altèrent leur caractéristiques physiques avant de poster une photo, généralement pour se rendre plus beau/belle.
Embellir son visage sur son téléphone, c’est de l’IA, et embellir son visage, si c’est ce qui nous plaît, on en a tous les droits.
Le problème, c’est que modifier digitalement son esthetique est directement corrélé, dans le monde réel, avec une demande toujours croissante pour la chirurgie plastique, souvent dans le but d’obtenir une “esthétique’ qui n’existe pas du tout dans la nature.
Ce phénomène atteints les hommes comme les femmes, mais surtout les femmes, que les IA génératives habillent systématiquement de manière légère et provocante, sans qu’on ne leur ai demandé.
Modifier une photo avec l’IA, ça peut aller plus loin.
Modifier une photo avec l’IA, c’est donner aux prisonniers une peau plus foncée.
Modifier une photo avec l’IA, c’est créer des mascottes ultra attirant/es pour des groupes extrêmes.
Open AI annonce avoir disrupté plus de 20 opérations et réseaux malfaisant qui utilisaient ChatGPT pour des actes répréhensibles.
Leur stratégie principale : influencer l’opinion d’un groupe en innondant les réseaux sociaux de contenu qui confirment/infirment leurs idées.
Influencer la perception autour des guerres qui se déroulent actuellement dans le monde. Et bien sûr le classique, influencer des elections, notamment aux US, en France, mais aussi ailleurs.
II – Mauvais, mais modéré (mais mauvais quand même)
Néanmoins, leur impact est plus que mitigé si ce n’est quasi inexistant.
La raison : l’IA générative en auto pilote, sans expertise humaine pour la guider, s’avère incapable de créer des mouvements viraux.
Elle n’y arrive pas.
Elle n’est pas au niveau, et n’y sera pas pendant un moment.
Les géants de l’IA font donc tout ce qu’ils peuvent pour la rendre meilleure, et ils ont plusieurs pistes.
La première, c’est d’avoir plus données.
Le probleme, c’est que la (bonne) donnée est plus rare que ce qu’on pourrait penser, donc il faut soit la voler comme LinkedIn, ou ✨l’inventer✨ en créant de la donnée synthetique.
Sans entrer dans les détails, la donnée synthétique a un problème, elle rend les IA débiles.
Mauvaise piste.
La prochaine : augmenter la puissance de calcul pure, c’est le parti pris des empires du numérique qui investissent des sommes folles dans le nucléaire.
L’espoir est de percer le code de la fusion qui mettrait fin à tous leurs soucis, mais sachant que ce jour n’est pas pour bientôt…
Ils travaillent sur de nouveaux réacteurs : moins dangereux, plus efficaces, et surtout qui prennent moins de place et sont moins chers.
Par exemple, Bill Gates crée TerraPower, une entreprise dédiée à la création de mini-réacteurs nucléaires, moins dangereux, plus efficaces, plus petits et moins chers.
L’IA, ça consomme de l’électricité, beaucoup d’électricité.
Les centres de données font grimper la facture carbone et le nucléaire pourrait résoudre ce problème.
On estime que la consommation des centres de données doublera d’ici 2026, grâce à l’IA et… la crypto. (ça faisait longtemps que qu’on n’en avait pas entendu parler).
Cette croissance, c’est l’équivalent d’ajouter un nouveau pays sur la carte.
Les conservateurs estiment que ce pays pourrait être la Suède, les alarmistes tablent plus sur l’Allemagne.
III – Est-ce qu’on est foutus ?
Oui et non.
Sur le plan environnemental et sociétal, c’est possible que oui.
Sur le plan économique…
Le professeur Aswath Damodaran réfléchit à la manière de sécuriser son avenir à l’ère des machines.
Il pose deux postulats.
- Dans un monde de spécialistes qui opèrent en silos, l’IA permettra aux généralistes de tirer leur épingle du jeu. Les généralistes, à l’aise dans plusieurs disciplines, parviendront à voir la vue d’ensemble et en tireront un avantage.
- Nous sommes victimes du syndrome de la recherche Google, et ça nous mènera à notre perte. Quand on nous pose une question, au lieu de réfléchir par nous-mêmes, nous cherchons la réponse sur Google. Même si ça semble bénin, son hypothèse est que petit à petit, nous impactons négativement notre capacité à raisonner, à apprendre à gérer les mauvaises réponses et à mémoriser des informations.
Il ajoute qu’il voit deux dimensions dans lesquelles l’IA nous surpasse à coup sûr.
- Le mécanique, qui s’oppose à l’intuitif : tout le travail basé sur des règles, et non sur des principes à interpréter.
- L’objectif, qui s’oppose au subjectif : les problèmes qui ont une réponse fixe et claire, contrairement aux problèmes qui nécessitent un jugement subjectif.
Voilà, si vous ne le saviez pas, ce qui se passe en ce moment dans le merveilleux monde de l’IA.
2 – Les actus d’IA les plus importantes cette semaine
Opera lance une fonction IA pour classer vos onglets ouverts en expliquant vocalement comment vous souhaitez les classer. Une simplification bienvenue si vous êtes comme moi et avez régulièrement des dizaines d’onglets ouverts en même temps.
Tesla présente son très attendu robotaxi Cybercab lors d’un événement spectaculaire, accompagné d’une surprise : le Robovan, un véhicule de transport configurable. Le Cybercab, sans volant ni pédales, entre en production d’ici 2026, tandis que des versions autonomes des Model 3 et Y sont prévues dès l’année prochaine en Californie et au Texas.
Reddit introduit de nouvelles capacités de ciblage par mots-clés pour sa plateforme publicitaire, visant à améliorer la pertinence et la performance des annonces. Cette mise à jour comprend un ciblage par mots-clés, une expansion dynamique de l’audience et une optimisation multi-emplacements, le tout piloté par l’IA. Selon Reddit, ces fonctionnalités permettent d’augmenter les conversions de 30% et de réduire les coûts par action de 30%.
Demis Hassabis, cofondateur et PDG de Google DeepMind et Isomorphic Labs, et John Jumper, directeur chez Google DeepMind, reçoivent le prix Nobel de chimie 2024 pour leur travail sur AlphaFold, un système d’IA qui prédit la structure 3D des protéines. David Baker est également co-lauréat pour ses travaux sur la conception computationnelle des protéines. AlphaFold, dont les prédictions sont librement accessibles, est utilisé par plus de 2 millions de scientifiques dans 190 pays, accélérant ainsi les découvertes scientifiques dans divers domaines.
L’Académie royale des sciences de Suède décerne le prix Nobel de physique 2024 à Geoff Hinton et John Hopfield pour leurs travaux fondamentaux sur les réseaux neuronaux artificiels. Hinton, souvent appelé le « parrain de l’apprentissage profond », est reconnu pour ses contributions aux algorithmes d’apprentissage des réseaux neuronaux. Hopfield est honoré pour le développement du réseau Hopfield, qui a transformé l’IA en démontrant comment les réseaux neuronaux peuvent stocker et récupérer des motifs. Leurs recherches ont posé les bases de nombreuses avancées en IA, notamment dans le traitement du langage naturel et la reconnaissance d’images.
Google lance la fonction Q&A alimentée par Gemini pour l’application Gmail sur iOS. Cette fonctionnalité permet aux utilisateurs de gérer plus facilement leur boîte de réception à l’aide de l’IA. L’assistant peut résumer des emails, trouver des informations spécifiques dans les messages et les fichiers Google Drive, et répondre à des questions générales.
O. Les outils qu’on recommandera toujours
- GPT-4 : environ 20% de cette édition est écrite en collaboration avec.
- Midjourney : qu’avez-vous pensé des visuels de cette newsletter ?
- Descript : l’outil qu’on utilise pour condenser 4-8 heures de rush sur 5 caméras et 3 micros différents en une vidéo digeste de 20 minutes.
- Fireflies : délègue la prise de notes ce qui nous permet d’être entièrement présents en appel. Il y a énormément d’outils équivalents sur le marché, on en a testé une dizaine et c’est celui qu’on a préféré.
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C’est la fin de cette newsletter. Merci d’avoir lu cette 19ème édition jusqu’au bout. Si ce moment vous a plu, ou non, faites-le nous savoir en répondant à cet email. Nous lirons personnellement chacun de vos retours et vous répondrons un à un.
Nous accordons beaucoup de valeur à ce que vous avez à nous dire.
C’était Rayan Dilavar, pour IA Mania
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