Vous lisez IA Mania, la newsletter qui décrypte chaque lundi les enjeux business et marketing de l’intelligence artificielle.
Au programme de cette édition :
📜 Le “AI washing”
🗞️ Une curation des actus d’IA de la semaine
🪖 4 usages des artéfacts avec Claude-3.5
📜 Le AI Washing
Depuis peu, on assiste à l’essor du AI washing.
Vous connaissez tous le greenwashing, une tactique marketing qui consiste à se donner une image de responsabilité écologique trompeuse.
Le AI washing, c’est quand une entreprise affirme utiliser de l’IA, alors que non.
L’objectif étant d’améliorer son image et par la même occasion attirer clients et investisseurs.
Parfois, le AI washing c’est aussi ajouter une toute petite fonctionnalité d’IA sans impact, et clamer haut et fort que vous êtes à la pointe de la tech. Vous pouvez le voir comme suit.
Si vous prétendez avoir visité un pays, mais que vous n’y étiez qu’en escale, vous n’êtes pas exactement en train de mentir, mais vous êtes clairement trompeur.
Les investissements en IA continuent de grimper en flèche tandis que les organismes de régulation accusent les entreprises d’instrumentaliser le terme pour attirer l’attention.
État des lieux
Une partie du problème réside dans le fait que personne ne s’entend sur une définition unique de l’IA.
Bien sûr, quand vous utilisez ChatGPT, c’est de l’IA.
Mais quand vous jouez contre l’ordinateur à Mario Kart, c’est aussi de l’IA.
Pourtant il n’y a aucun point commun entre ces deux cas.
Le terme intelligence artificielle existe depuis 1956.
Il a été créé pour répondre à la question : est-ce que les machines peuvent penser ?
Pour y répondre, pas le choix, il faut construire des machines.
Ensuite, il faut voir si elles pensent.
On fait de gros raccourcis ici, mais ce qu’il faut retenir c’est que l’IA est intrinsèquement un terme très fourre-tout.
Pour cette raison, le phénomène de l’AI washing n’est pas nouveau.
Dans les années 80, tous les budgets de recherche et développement en IA étaient consacrés aux systèmes experts.
Pas d’apprentissage ni d’intelligence.
Un système expert, c’est un programme où l’on met de l’information qu’on peut interroger avec des questions prédéfinies.
Aucune notion d’apprentissage automatique ici.
Pourtant les systèmes experts, encore aujourd’hui, sont considérés comme de l’IA.
L’engouement était tel qu’à la fin des années 80, on parlait de “bulle des systèmes experts”.
Tout le monde se les arrachait.
Vous n’avez pas entendu parler des systèmes experts parce qu’ils n’existent plus.
Ils n’existent plus, car ils ont été un échec.
Un échec si retentissant, que dans les décennies d’après (1990 et 2000), le terme IA est relégué au second plan, au profit de termes comme systèmes cognitifs, intelligence computationnelle, ou tout simplement, informatique.
“Les chercheurs et ingénieurs évitent le terme intelligence artificielle par peur d’être réduits à des rêveurs utopistes”.
NY Times, 2005
C’est le AI un-washing.
Le souvenir des systèmes experts est loin derrière nous, et l’IA reprend de sa superbe dans l’imaginaire collectif.
Sans refaire toute la timeline des années 2010 à ChatGPT, dire qu’on est dans l’IA aujourd’hui, c’est presque obligatoire.
(Se positionner contre l’IA, c’est aussi se positionner sur l’IA.)
Les entreprises payent des premiums pour des outils qu’elles croient dotés de capacités de pointe.
Dans le meilleur des cas, si le produit ne tient pas ses promesses, le client perd de l’argent.
Dans le pire, le client obtient des données inexactes ou incomplètes qui conduisent à des décisions difficiles à rétropédaler .
Comme à la fin des années 80, les investisseurs et le grand public pourraient perdre confiance dans l’industrie de l’IA.
Comme dans les années 90-2000, les entreprises utilisant réellement l’IA de manière efficace pourraient être mises en pause indéfiniment.
L’histoire a une manière si élégante de se répéter.
Abus
La plupart des fraudes engendrées par abus de langage n’intéressent que les organismes de régulation.
Alors oui, les “IA” dans les caméras de surveillance d’Amazon se sont avérées être en fait une armée de travailleurs indiens au garde-à-vous 24/7.
Mais si vous tenez une épicerie, vous vous en fichez de comment fonctionne votre caméra.
Tout ce que vous souhaitez, c’est réduire les vols.
Par contre si vous payez plus cher pour vous rendre compte que vous auriez pu avoir le même résultat pour une fraction du prix, là, c’est un problème.
Le fonds d’investissement européen OpenOcean estime qu’à la fin de l’année, un tiers des nouvelles startups citeront une utilisation de l’IA.
Bien que la plupart des utilisations soient légitimes, plusieurs cas indiquent que le AI washing gagne du terrain.
Par exemple, le Rabbit R1.
Le Rabbit R1 est un assistant personnel qui prétend embarquer une IA maison intégrée.
L’objectif est d’exécuter des tâches quotidiennes, comme envoyer des messages, commander des courses et planifier des voyages.
20 millions d’euros de chiffre d’affaires plus tard, on découvre que l’IA maison est en fait ChatGPT couplée à des scripts d’automatisation qui échouent systématiquement.
On découvre aussi que le fondateur Jesse Lyu est un ancien crypto-escroc, spécialisé dans les arnaques NFT.
Le projet Gamma, un NFT qui promettait des avancées en fusion nucléaire (pas exactement sûr de comment ça fonctionne) – a généré environ 1 million d’euros à Jesse avant d’être laissé à l’abandon.
Bien entendu, aucun remboursement n’a été effectué.
Des dérives sectaires liées au terme IA sont recensées un peu partout dans le monde.
Le AI washing ne concerne pas que des produits de consommation.
La plus notable était menée par l’ancien directeur du pôle voiture autonome de Google (maintenant en prison pour d’autres raisons).
Ça se passe sur Eleven Labs, cela fait un moment que l’on n’a pas entendu parler d’eux. Saisissez votre prompt et quatre effets sonores vous seront proposés. Le tout pour moins de 5 euros. Anecdote pour ancrer ce prix : je suis retombé récemment sur un vieux classique de Tim Ferris. Dans le livre il raconte comment il voulait se procurer un effet sonore japonais assez rare, mais n’arrivait pas à se justifier le prix de 7500€ pour le CD. Aujourd’hui il me suffirait de taper “effet sonore japonais rare” (pas exactement mais vous voyez l’idée). On a fait du chemin.
GPT-3.5 fait ses adieux officiels. Remplacé par un modèle plus performant, moins cher à maintenir, et tout aussi gratuit. GPT-4o mini. Pour vous éviter 30 min de comparatif vidéo, voici nos résultats de test en une phrase : GPT-4o mini est gratuit, moins bon que GPT-4o mais mais meilleur que GPT 3.5.
La CMA CGM, une boîte française 🐓 et géant du transport maritime, conclut un accord avec Alphabet (Google) pour utiliser l’IA en vue d’écourter les délais de livraison, optimiser les trajets et faciliter l’organisation des inventaires.
Meta retardera la mise à disposition de son prochain modèle d’IA multimodale pour l’UE en raison d’un “manque de clarté” des autorités administratives. Apple a également annoncé ne pas lancer ses fonctionnalités Apple Intelligence en Europe pour des raisons similaires.
Un guide qui présente des usages d’IA générative pour le marketing. Les applications courantes de l’IA incluent la réutilisation de contenu, l’automatisation de campagnes et lancements. Elle est aussi efficace pour soutenir les ventes en automatisant les réponses aux demandes inbound.
🪖Le coin tactique
La puissance des “artéfacts” Claude
Dans le contexte de l’IA, les artéfacts sont des éléments tels que des extraits de code, des documents texte ou des conceptions de sites web, qui peuvent être modifiés et intégrés en temps réel dans vos projets.
Dans le milieu de l’artéfact, Claude-3.5 est le champion incontesté.
Ci-dessous 4 façons d’utiliser les artéfacts pour vous inspirer à vous lancer.
Infographie interactive à partir de données personnelles
Toujours dans l’interactivité : un livre pour enfant
Animer le lancer d’un projectile
Flappy Poule par Claude
Sur ce thread X vous retrouverez 6 autres manières d’utiliser les artéfacts.
On utilise ces outils tous les jours
GPT-4 : environ 20% de cette édition est écrite en collaboration avec.
Midjourney : qu’avez-vous pensé des visuels de cette newsletter ?
Descript : l’outil qu’on utilise pour condenser 4-8 heures de rush sur 5 caméras et 3 micros différents en une vidéo digeste de 20 minutes.
Fireflies : délègue la prise de notes ce qui nous permet d’être entièrement présents en appel. Il y a énormément d’outils équivalents sur le marché, on en a testé une dizaine et c’est celui qu’on a préféré.
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C’est la fin de cette édition 16 dédiée au AI washing. Merci de l’avoir lue jusqu’au bout. Comme toujours, vous pouvez nous partager vos retours, positifs comme négatifs, en répondant à cet email.
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