La mouche

La mouche, c’est un entrepreneur qui passe d’un projet à un autre, sans jamais en approfondir aucun, en passant à quelque chose d’autre à la moindre difficulté.

Au lieu de persévérer quand c’est dur, au lieu de passer du temps à chercher une solution quand elle bloque, elle arrête tout, et se lance tout de suite dans autre chose.

Puis, quand cette autre chose devient difficile, elle revient en arrière et se remet à essayer d’avancer sur l’un des projets qu’elle avait abandonnés.

Elle est sans cesse à l’affût d’opportunités nouvelles, de projets stimulants qu’elle pourrait démarrer. Mais elle n’en finit aucun.

Pour les formateurs, la mouche est bonne cliente, parce que comme elle passe sans cesse d’une chose à l’autre et qu’elle approfondit peu, elle est portée à acheter une méthode, puis une autre, et encore une autre.

Elle accumule les formations et les livres comme d’autres accumulent les conquêtes amoureuses : les mouches sont les Don Juan du business en ligne.

La mouche dépense beaucoup plus d’énergie que les autres entrepreneurs : il faut sans cesse qu’elle se réinvente, qu’elle apprenne encore et encore, en démarrant de zéro à chaque fois.

C’est épuisant.

Un jour, la mouche baissera les bras et abandonnera, parce qu’elle n’aura plus la force de continuer.

Ce que devrait comprendre la mouche, c’est qu’à l’échelle d’une carrière ou d’une vie, ça lui demanderait beaucoup moins d’efforts de persévérer quand elle rencontre une difficulté plutôt de repartir de zéro à chaque fois.

Elle devrait comprendre aussi qu’il n’y a pas de meilleure méthode en soi. Il n’y a pas de stratégie ultime pour réussir. La meilleure méthode, c’est celle qu’on applique vraiment jusqu’au bout. La stratégie ultime, c’est celle dans laquelle on a décidé de persévérer quoi qu’il arrive.

J’ai été moi aussi une mouche un jour. Je me suis soigné : c’est la preuve que c’est possible.

Je continuerai cette série de portraits demain : j’ai déjà publié lors des derniers jours le portrait du requin du web, celui du procrastinateur de l’extrême, celui du premier de la classe, et celui du copieur. Je terminerai par mon propre portrait.

📷 La photo du jour :

Détente après l’écriture !

Excellente journée à toi.

Jean Rivière.